Réponse de Michèle Rubirola, tête de liste du Printemps Marseillais, à Zaynab
Riet, déléguée générale FHF
Chère déléguée générale,
Avant tout je tiens à vous remercier pour votre courriel et les informations qu’il contient sur l’état actuel des hôpitaux publics, les EHPAD et plus largement sur notre système médico-social dans son ensemble. Comme vous le savez peut-être, je suis moi-même, en tant que médecin, fortement sensibilisée à cette problématique, et je suis de près l’évolution de l’actualité sociale et sanitaire sur ce sujet.
L’hôpital public, psychiatrique inclus, ainsi que les EHPAD relèvent des compétences de l’État. Il n’en demeure pas moins que la municipalité doit engager une politique active de soutien à ces institutions publiques sur notre territoire et doit mettre l’État face à ses responsabilités. Aujourd’hui les réponses apportées par les ministres de la santé successifs à la crise de ces institutions n’est absolument pas à la hauteur des enjeux. Depuis la loi HPST de 2009, les différents gouvernements ont progressivement mis à terre nos institutions publiques de soins. Les bâtiments sont vétustes, les personnels épuisés, les patients sont parfois en danger comme ont pu en témoigner les soignants de toute la région, récemment réunis en AG pour une conférence de presse à l’hôpital de la Timone à l’initiative du CIH de l’APHM. Je n’hésite pas à dire que nous sommes au bord d’une situation de non-assistance de l’État à patients en danger.
Le constat national de nécessité absolue de défense de ces institutions de services publics de santé est encore plus prégnant à Marseille. En effet il s’agit d’une ville socialement fracturée à la fois très dense et avec une partie importante de la population en grande précarité.
Avant d’être nommée tête de liste du Printemps Marseillais, j’ai organisé de nombreuses réunions sur le sujet de la santé à Marseille, nous avons formé un groupe de travail en vue de l’élaboration d’un programme municipal ambitieux dans ce domaine. Ces réunions ont associé des médecins hospitaliers et de ville, des psychologues, des infirmiers, des chercheurs de différentes disciplines : neurosciences, psychosociologie, économie ainsi que des citoyens usagers des services de santé.
Certaines de nos propositions vont parfaitement dans le sens de vos préoccupations, notamment :
- Dès notre arrivée à la mairie, parce que nous voulons redonner vie à la démocratie sanitaire, nous organiserons des états généraux de la santé réunissant des collectifs, associations, habitant.es et -acteurs institutionnels de la santé afin de dresser le bilan ensemble des actions menées sur le territoire, de repérer les manques et développer ensemble une politique de santé publique qui réponde au besoin de tous les habitants.
- En tant que possible présidente du conseil de surveillance de l’APHM, je m’engage à garantir la transparence sur la gestion de ressources humaines et matérielles au sein du conseil de surveillance de l’APHM. Je vais également m’assurer que les dépenses engagées et les décisions prises relèvent de l’intérêt de la population et du personnel soignant et ne répondent pas à des stratégies clientélistes. L’APHM va recevoir dans le cadre du COPERMO une dotation financière majeure de 340 millions d’euros. La plus grande vigilance va donc être nécessaire afin que cette somme soit utilisée de manière juste et cohérente en rapport avec le projet médical.
- Je m’engage à soutenir une psychiatrie de secteur fondée sur l’humain et le soin. Plusieurs
actions à l’initiative d’associations diverses sont menées en partenariat avec les services
publics sur notre territoire depuis longtemps. Nous nous engageons à les soutenir et à
développer avec elles des initiatives nouvelles, permettant une prise en charge digne des
personnes en souffrance psychique. La situation de l’hôpital Edouard Toulouse, en particulier,
est très grave. Nous espérons que son nouveau directeur, ancien délégué régional FHF, saura
travailler dans le sens souhaité par les équipes et les patients et avec un vrai soutien de l’ARS.
Nous nous engageons à les aider et à réfléchir ensemble au rôle que la municipalité peut
effectivement jouer. -
L’une des causes de la crise de l’hôpital public, et en particulier le service des urgences,
concerne la défaillance de la médecine de ville ou plus particulièrement le lien entre la
médecine de ville et l’hôpital. Travailler sur ce lien doit donc être une préoccupation centrale
pour construire un service public de santé de qualité et accessible à tous. Nous devons
travailler au maillage du territoire avec l’ensemble des acteurs, mais aussi en faire émerger de
nouveaux. Pour cela, nous nous engageons notamment à promouvoir et soutenir la création
de centres de santé pluri professionnels accessibles à tous (conventionnés secteur 1) en
privilégiant des organisations relevant de l’économie sociale et solidaire, notamment le statut
des sociétés coopératives d’intérêt collectif qui permet un multipartenariat réunissant
l’ensemble des acteurs concernés (professionnels et patients-usagers) et permet aux
collectivités territoriales d’être parties prenantes. Le patrimoine foncier de la ville est
important et sous-utilisé. Nous le rendrons disponible si cela s‘avérait nécessaire pour
l’installation de tels centres de santé. C’est une mesure forte au service de l’intérêt général. - La question des EHPAD est cruciale. Qu’avons-nous fait de notre principe de solidarité ? Vieillir dans des conditions dignes en France serait ainsi le privilège des plus aisés ? Quelle honte pour un pays comme la France d’abandonner de la sorte nombre de ses ainés dépendants et ayant perdus leur autonomie. Ce sont des personnes devenues invisibles pour la société, dans l’incapacité de se faire entendre, de se défendre et de faire respecter leur droit. Elles souffrent et meurent souvent dans des conditions indignes. Leur famille, s’il leur en reste, est souvent démunie face à la détresse de leur proche, certain.e.s se voient dans l’obligation d’abandonner leur vie sociale et professionnelle pour pallier la défaillance de l’État dans une prise en charge humaine de leurs parents. Quelle charge énorme transférée aux familles et quel abandon de ses citoyens par un État qui se dit social ! Bien sûr nous appelons de nos voeux et soutiendrons la création d’EHPAD publics dès lors qu’ils se fondent sur le respect des personnes qui y travaillent et celles qui y sont accueillies. Nous oeuvrerons aussi pour la création d’initiatives visant à maintenir ces personnes chez elles autant qu’elles le voudront et qu’elles le pourront. Nous voulons impulser la création d’alternatives à la mise en EHPAD comme les habitats intergénérationnels ou la coordination et le soutien aux services à la personne où là encore nous privilégierons les formes associatives ou coopératives dès lors que le soin et l’attention à l’autre seront placés au coeur du projet.
Je suis à votre disposition pour une rencontre avec d’autres acteurs de la santé et représentants
d’usagers ou de patients.
Michèle Rubirola,
Tête de liste du Printemps Marseillais