Notre Programme

Propreté, enlèvement et traitement des déchets

La ville de Marseille est sale. Beaucoup de villes, comme Naples, par exemple, ont souffert longtemps d’une crasse endémique. Elles sont en train de faire la preuve, comme Naples encore, qu’il est possible à une majorité audacieuse et inventive de venir à bout de ce fléau. C’est exactement ce que veut faire le Printemps Marseillais.

Sur le territoire métropolitain, les ordures ménagères « résiduelles » (non recyclées ou valorisées) représentent 370 kg par an et par personne : c’est 40% de plus que la moyenne nationale, faute notamment d’un tri efficace ! Quasiment la moitié de ce volume est enfouie au sein de 6 sites dont 4 arriveront à saturation en 2022 – le reste étant incinéré dans un centre situé à Fos sur Mer, venant aggraver les problématiques de qualité de l’air dans une zone fortement polluée par les industries pétrochimiques. Cette situation ne peut pas durer, nous devons radicalement changer la gestion des déchets à Marseille.

Nos actions viseront à réduire la quantité de déchets, à développer le réemploi et la réparation, à améliorer le tri et le recyclage – pour ramener à son minimum la part enfouie ou incinérée. Le coût de nos mesures sera rapidement compensé par la diminution progressive du coût de traitement des déchets (du fait de la baisse des tonnages).

La propreté et la collecte des déchets sont des compétences métropolitaines. C’est la Métropole qui a signé les 3 contrats de marchés publics de service qui couvrent une partie de la ville. Le nettoyage et la collecte des déchets sont effectués en régie dans les arrondissements 4 à 12 et le 13). Dans le reste de la ville, ces missions font l’objet de trois marchés publics qui couvrent respectivement le 1 et le 2, le 3 et le 14, et le 15 et le 16. Pour la partie effectuée en régie, les agents du nettoiement sont des fonctionnaires de la Métropole.

La gestion du nettoiement devra être confiée à nouveau aux mairies de secteurs. Dès le début du mandat, les mairies de secteur et les associations de quartier seront étroitement associées à sa mise en œuvre. Une convention a été passée il y a trois ans entre la confédération des CIQ et les services de la Métropole. Cette convention est restée lettre morte. C’est exactement le type de gesticulation inutile que nous voulons voir disparaître.

A.Un plan de nettoiement précis et contrôlé

Dans chaque quartier, pour chaque rue, la fréquence du nettoyage doit être affichée, et respectée. Dans bien des secteurs, les habitants doivent se contenter d’un nettoyage hebdomadaire, voire mensuel. Cette situation est d’autant plus insupportable que le passage des cantonniers obéit à une logique mystérieuse. Le nettoyage des rues ne doit plus se limiter à pousser les déchets dans le caniveau à l’aide d’un balai et en faisant couler de l’eau pour emporter les déchets dans les égouts. Progressivement abandonnée à l’échelle nationale en raison de la pollution et du gâchis d’eau, cette façon de travailler, qu’on impose aux cantonniers, ne devra plus exister à Marseille. À la place le nettoyage se fera avec une lance de lavage et de manière plus régulière afin que nos sols soient plus propres.

Les cantonniers doivent tous disposer de moyens de travailler efficaces et rapides. Il faut des engins modernes, adaptés à la topographie de nos rues. Les métiers du nettoyage de l’espace public sont en passe de devenir des métiers exigeant des compétences techniques. Ce sont des métiers d’avenir. Encore faut-il offrir aux cantonniers les formations qualifiantes et de vraies perspectives professionnelles. L’encadrement des équipes sera revu, et la capacité de dialoguer avec les élus et les associations de quartier fera partie des compétences exigées.

B.Pour réduire le volume de déchets : commençons par le compostage des déchets organiques

Les déchets organiques (“biodéchets”) représentent un tiers de nos déchets : 50 kg par habitant et par an ! Ils finissent aujourd’hui incinérés ou enfouis, mélangés à nos autres déchets ménagers, alourdissant la facture de la collecte et du traitement.

Des solutions existent pourtant qui permettent aux habitant·es de trier et composter leurs biodéchets, comme le compostage partagé. Il réduit significativement la quantité de déchets pris en charge par la collectivité, mais il réduit aussi le coût de traitement (prix très inférieur à celui de l’incinération, du fait de la vente du compost aux agriculteurs). Les coûts de collecte sont stables, car les camions de collecte des biodéchets sont plus simples, plus petits, moins gourmands en carburant et en entretien.
Marseille lancera dès le début de la mandature son Plan de tri et de collecte des biodéchets et se mettra en conformité avec la loi, qui impose ce tri et cette collecte séparés à la source, au plus tard au 31 décembre 2023 (Loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015).

Nous mettrons en place progressivement différents dispositifs de compostage des biodéchets, adaptés à chaque quartier : bacs à déchets organiques familiaux ; composteurs collectifs en pied d’immeubles dans les résidences, écoles, hôpitaux, entreprises, composteurs de grande capacité dans les espaces urbains denses, parcs, jardins et squares, espaces publics (chalets de compostage) ; site internet dédié au compostage, permettant notamment à chaque habitant·e de connaître le lieu de collecte ou compostage le plus proche de chez lui ou chez elle.

C.L’enlèvement des déchets, on repart de zéro

La taxe d’enlèvement des ordures ménagères est très élevée à Marseille (taxe qui s’applique à l’ensemble de l’ex MPM). À 18,1 % c’est la plus élevée de l’ensemble des communes des Bouches-du-Rhône. Tous les Marseillais payent la même taxe, mais tous ne bénéficient pas des mêmes services. De même, la propreté n’est pas assurée de la même façon selon ou l’on réside. Certains quartiers, qualifiés de touristiques, sont nettoyés plusieurs fois par jour alors que d’autres attendent des semaines le passage éventuel des services de nettoiement de la voirie.

La ville de Marseille n’offre que 5 déchetteries. Il en existe 8 à Lyon, sans compter un dispositif de déchetteries mobiles. Davantage de déchetteries mobiles seront mises en place rapidement. S’agissant des déchets végétaux, l’accès à la déchèterie sera encouragé et facilité par des points d’ouvertures spéciaux . Alors que les rats et les punaises infestent la ville, il n’est pas admissible de voir les vieux matelas traîner sur les trottoirs faute de lieux accessibles ou d’information correcte sur le fonctionnement d’Allo Mairie.

Les corbeilles à déchets sur la voie publique, comme les toilettes publiques, sont très largement absentes, même en centre-ville. Dans les quartiers fréquentés, et aux abords des lieux de vie nocturne, une attention particulière sera apportée dans le respect du voisinage. La propreté et la collecte des ordures ménagères sont des compétences métropolitaines, on l’a vu.

S’agissant des zones où le nettoyage est effectué par des sociétés privées, les chiffres étudiés par la CRC dans son rapport de 2017 font ressortir des coûts globaux par habitants, des coûts par km de voirie très nettement supérieurs à des villes de densité comparable.

“À Versailles, sur un secteur de 90 000 habitants environ, qui comprend 120 km de voirie et 240 à 260 km de trottoirs et qui accueille chaque année plus de 1 000 manifestations dont un festival, le coût annuel du service de la propreté, assuré en régie, oscille entre 2,7 et 3 M€ TTC. Le coût du même service pour le lot n° 2 (3e et 14e arrondissements) couvrant une population comparable de 105 045 habitants, est de près de 10 M€ HT soit 11 M€ TTC. Il est de 8,3 M€ HT soit 9,13 M€ TTC pour le lot n° 3 (15e et 16e arrondissements) qui couvre une population de 97 909 habitants.”

“Le coût moyen par habitant de la propreté est de 35 € TTC, soit un ratio deux fois et demie moins élevé que celui constaté pour le lot n° 3, qui bénéficie des prestations les moins coûteuses (85 € HT, soit 93,5 € TTC par habitant). Ce prix est au plus de 70 euros TTC pour les secteurs denses situés en région parisienne. Selon une autre étude, citée par la CRC, le coût moyen au kilomètre de voirie de la propreté serait de 13 000 € TTC. Les prix obtenus par la Métropole pour Marseille excèdent ce ratio de manière significative : ils atteignent en effet 83 425 € HT en moyenne, soit 91 767 € TTC par kilomètre de voirie.”

Ces marchés de MDS, comme tous les grands marchés passés par la Ville ou la Métropole, feront l’objet d’un audit systématique. Ils ne seront certainement pas renouvelés dans les mêmes conditions.

La situation actuelle est simplement catastrophique. La Métropole a conclu en 2017 et pour 6 ans des marchés de collecte des ordures ménagères à un prix exorbitant.

La justification du prix est accablante : le volume des déchets prévu est supérieur d’un tiers à la moyenne nationale. En clair, et pour 6 ans, les Marseillais payent, quels que soient les efforts conduits pour développer le tri sélectif.

“Les marchés conclus par la métropole Aix-Marseille-Provence prévoient un volume de déchets collectés par habitant bien plus élevé que dans des collectivités comparables. Cette particularité explique le caractère hors normes du coût par habitant de cette prestation. Selon les données fournies aux candidats par les cahiers des charges, les habitants desservis produisent plus de 413 kg de déchets par an (92 050 tonnes hors encombrants pour 223 045 habitants). Il ressort des données du rapport annuel sur l’exécution du service de la Métropole que le poids moyen par habitant des déchets collectés aurait atteint 383 kg en 2016 (396 kg en 2015) sur l’ensemble du territoire du CT1 (territoire de l’ancienne Communauté urbaine de Marseille avant son intégration à la Métropole). À titre de comparaison, selon le rapport annuel d’exécution du service, la production par habitant de l’agglomération lyonnaise était de 230 kg en 2015. Selon les données de l’ADEME, la production serait en moyenne nationale de 277 kg par habitant (données 2014 – chiffres clés 2016).”

Cette situation anormale trouve son origine dans le développement insuffisant des politiques publiques locales de prévention visant à restreindre le volume de déchets présentés à la collecte, c’est-à-dire le tri sélectif. Comme il a été indiqué en introduction, la Ville ne dispose pas d’un nombre suffisant de déchetteries. Le tri sélectif reste “volontaire” dans la plus grande partie de la ville. Les conteneurs prévus à cet effet sont trop rares et très souvent en mauvais état. Notre ambition de ville zéro déchet, exemplaire et innovante… part de zéro.

Nous allons relever ce défi :

  • D’abord, et partout où c’est possible, en mettant en place une collecte sélective comme il est d’usage dans la plupart des grandes villes de France. À Marseille, le tri sélectif est encore un tri volontaire. Chacun doit apporter à un point de collecte les bouteilles ou les cartons qu’il n’a pas mis dans la benne.
  • En multipliant les points de collectes de tri sélectif, et si possible enterrés. La résistance, légitime, des habitants à cohabiter avec des conteneurs bien souvent en piteux état, est tout à fait légitime. Le tri des déchets est aussi à imposer aux grandes et très grandes surfaces. Il faut qu’elles mettent en place progressivement, des espaces de collecte des emballages que leurs clients viendraient leur ramener à chaque passage.
  • En élaborant un plan en direction des commerçants : parce que les commerces génèrent davantage de déchets que les particuliers, et pour leur permettre de faire baisser le coût de la redevance spéciale pour les professionnels. En complément du renforcement du maillage des équipements de collecte sélective du verre, des emballages, du papier et des biodéchets des ménages, nous mettrons en place des services équivalents aux commerçants et les inciterons à adopter des pratiques responsables en matière de gestion de leurs déchets. Les dispositifs de compostage seront mis en premier lieu pour les commerces comme les restaurants, les cafés et bars : en retour ils n’auront pas besoin de payer de redevance spéciale puisque leur volume de déchets baissera fortement.
  • En multipliant, enfin, les corbeilles à déchets et en mettant en place les équipes nécessaires pour qu’elles soient régulièrement vidées.
  • En généralisant, comme la plupart des grandes villes, les cendriers de rue, ou les éteignoir à cigarette. Ils seront rendus obligatoires devant les lieux publics.
  • En accélérant le déploiement dans toute la ville, et notamment à proximité des lieux les plus fréquentés en testant, chaque fois que c’est possible, des dispositifs de toilettes sèches, car la ville ne dispose toujours pas de toilettes publiques en nombre suffisant.
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