« On a déclaré la guerre à la ville-monde » Roxana Nadim, soutien du Printemps Marseillais

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Roxana Nadim est Responsable des Affaires Culturelles à Sciences Po Aix et co-présidente du Comité de Soutien du Printemps Marseillais.
Discours – 13 février 2020

 

Marseille est la ville qui m’a accueillie il y a 17 ans alors que je débutais ma thèse en littérature. Aujourd’hui, en tant que chercheuse, je travaille sur l’imaginaire de la ville : je me demande comment on écrit la ville, comment on la filme, comment on l’imagine, comment on la rêve. L’autre versant de mon métier est aussi lié à la ville, puisque je travaille à Sciences Po Aix à en tant que responsable des affaires culturelles et enseignante, au croisement donc entre la culture et l’éducation.

La ville en tant qu’espace du politique est entrée avec violence dans ma vie il y a deux ans. Ce sont tout d’abord les enfants étrangers qui dorment dans la rue qui ont éveillé en moi un sentiment profond de rage. À regarder ces enfants abandonnés des pouvoirs publics, je me suis demandé où était passée notre humanité. Ces enfants exilés sont nos enfants. Et ces enfants racontent la trajectoire qui fut, pour beaucoup d’entre nous, celle de nos parents ou de nos grands-parents. Que serions-nous devenus, dans les aléas de l’histoire, si nos ancêtres n’avaient pas été accueillis, parfois accueillis et cachés, soignés et nourris ?

Et puis, il y a eu la rue d’Aubagne, les morts et les délogés.

Et alors j’ai pensé une chose : on nous a déclaré la guerre. On a déclaré la guerre à nous les Marseillais pacifistes, à nous les Marseillais humanistes. On a déclaré la guerre à la ville plurielle, à la ville-monde, à la ville hospitalière et libre.

J’ai donc décidé de soutenir le Printemps Marseillais, une alliance inédite et exemplaire de partis politiques mais aussi de militantes et de militants issus de la société civile, de femmes et d’hommes qui défendent les valeurs essentielles de la gauche : la justice sociale, l’égalité, la défense de services publics de qualité, l’accès pour tous à la culture, aux soins, à l’éducation, la protection de l’environnement. La politique n’est pas un métier, la politique n’est pas réservée à une poignée de personnes : la politique c’est construire ensemble notre histoire autour des valeurs qui nous sont chères.

Parce qu’une mairie est un lieu de d’échanges et de débats, il est scandaleux et dangereux de mettre des barrières devant cette maison commune.
Parce qu’avant de mettre des sapins de Noël dans nos rues, nous devons mettre du chauffage dans nos écoles.
Parce qu’avant de mettre un toit sur notre stade, nous devons faire en sorte que nos toits ne s’effondrent pas.
Parce qu’avant de rénover les vestiaires du cercle des nageurs, nous devons faire en sorte que nos piscines fonctionnent.
Parce qu’avant d’accueillir massivement des bateaux de croisière, nous devons nous assurer qu’ils ne vont pas détruire nos fonds marins et notre santé.
Parce que nos plages, nos parcs, nos jardins sont un bien commun et que le bien commun n’est pas à vendre.
Parce que le nord et le sud de notre ville ne doivent pas connaître de frontière.

Je rêve d’une ville qui ouvrirait les bras à chacun d’entre nous, sans distinction sociale, sans distinction de genre, sans distinction ethnique. Cette ville nous pouvons la construire ensemble avec le Printemps Marseillais.
Moi, je serai fière que ma ville, la deuxième ville de France, soit dirigée par une femme médecin qui n’a pas fait carrière dans les cabinets des beaux quartiers, mais qui a consacré sa vie à soigner les plus vulnérables d’entre nous.

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